Apprendre dans un climat de sérénité
Apprendre dans un climat de sérénité !
Par les temps qui courent, ce n’est pas donné à tout le monde, qu’on en juge.
La fin de la trêve hivernale (pensez calendrier électoral) a enclenché une vague préfectorale d’expulsions non seulement des lieux d’hébergement mais aussi expulsions du territoire. Les nouvelles Obligations de Quitter le Territoire Français (OQTF) se multiplient, accompagnées d’Assignations à Résidence, c’est-à-dire avec obligation de rester dans un hôtel et de signer à la Police tous les matins en attendant le jour où la Préfecture vous offrira un billet d’avion pour des terres inconnues.
Tel est le sort fait à quelques-uns des gamins, jeunes ou moins jeunes qui fréquentent les établissements scolaires, l’angoisse au ventre d’être obligés de quitter l’école, l’angoisse au ventre de voir les copains partir et d’attendre leur tour, l’angoisse de partir dans un pays où, pour certains d’entre eux, ils n’ont jamais vécu et dont ils ne parlent pas (ou plus) la langue, dans un pays où peut-être ils ne pourront pas fréquenter l’école.
Inutile de vous dire que Victor Hugo ou les divisions à deux chiffres ne constituent plus leurs préoccupations essentielles. À la maison, ils doivent vivre dans la peur quotidienne du gendarme qui pourrait bien venir les chercher.
Les mineurs isolés (MIE MNA) et les jeunes majeurs paient un lourd tribut à cette politique d’exclusion. À ce jour une quarantaine de jeunes sont sous le coup d’une OQTF, attendant que le Tribunal Administratif statue sur leur sort. Ils sont généralement en formation, Lycée professionnel ou apprentissage. Ils sont aussi salariés, titulaires de diplômes professionnels (CAP et Bacs Pro) dans des secteurs d’activité dits « en tension » c’est-à-dire des secteurs manquant de main d’oeuvre qualifiée. Peu importe aux xénophobes qui nous gouvernent, la consigne est constante : expulsion ! (à moins d’avoir un « ami haut placé » qui vous pistonne, une pratique qu’on croyait révolue). Donc sans pouvoir terminer une année de formation, sans pouvoir terminer et passer un CAP, devant abandonner un logement autonome, ces jeunes se voient rejetés, se font jeter par des « technocrates » qui ont humé l’odeur enivrante des « papiers douteux et des âges incertains ». Fi de la vie réelle et de la jeunesse…
Une nouvelle catégorie semble particulièrement prisée par ces fins limiers : les femmes, parents d’enfants français, qui lorsqu’elles demandent le renouvellement de leur titre de séjour (prévu par la Loi) se voient suspectées d’avoir, ou d’avoir eu des relations avec un père qui peut-être ne serait pas le père. La plaisanterie peut aller jusqu’à l’exigence de tests ADN.
Donc, le titre de séjour n’étant pas renouvelé, les intéressées se voient embarquées dans des procédures toutes aussi longues qu’inqualifiables pendant lesquelles tous les droits sociaux (CAF, APL, RSA etc) sont suspendus. Elles sont menacées de perdre leur emploi.
Inutile de décrire les conséquences désastreuses pour les enfants. Inutile aussi de s’interroger longtemps sur leur décrochage scolaire. « On est déjà beaucoup moins sensible à la Poésie quand on a le ventre vide… »
« Droit du sang, Droit du sol » Que dit la Loi ? Rien, aux maniaques de l’expulsion arc-boutés à la course à l’échalote qu’ils entendent mener à l’extrême Droite. Celle-ci ricane de voir le travail « si bien fait » par les Préfectures du Pouvoir en place.
Nous nous appelons RESF (Réseau Éducation Sans Frontière) et entendons d’abord assurer à tous les enfants leur Droit à une éducation dans la sérénité «Sans distinction aucune, indépendamment de toute considération de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d’opinion politique ou autre de l’enfant ou de ses parents » (Convention internationale des droits de l’enfant – article II – 1989).
Nous nous y employons.
Montoulieu le 10 Juin 2022
Christian Morisse